Centre d’art de Pontmain
22.06.24 — 18.08.24
Vernissage le 21 juin 2024 à partir de 18h30
Bilans de compétences, comptes-rendus, cartes, diagrammes en camembert… Charlie Chine détourne les codes du monde du travail pour raconter avec humour et sensibilité les habitudes de l’homme moderne.
Charlie Chine inscrit son travail dans des démarches participatives, qu’elle retranscrit au sein de ses expositions à travers des récits, des objets, des études qui prennent corps dans des installations, des sculptures, des dessins ou encore des vidéos. Anonymisant les participants, elle explore la mémoire de notre humanité, oscillant sans cesse entre l’individuel, l’intime, l’ordinaire, l’universel et le collectif.
L’individu est pour elle, la variable, l’unique, le comparable. L’artiste décortique les habitudes de l’homme moderne et ses conditions d’existences, telles que sa culture, son travail, son éducation, le territoire qu’il occupe ou s’octroie. Elle exploite plastiquement ses recherches et ces données récoltées avec beaucoup de minutie et de précision. Elle cisèle du cuivre, capitonne une malle, tape à la machine… elle se fait l’artisan de son œuvre, et dépositaire d’une mémoire individuelle et collective. Donnant à voir nos habitudes parfois absurdes, parfois poétiques, son œuvre suscite curiosité, étonnement et amusement du visiteur.
Pour son exposition au centre d’art, elle réactivera son œuvre « Les Chroniques du réel » avec la participation des habitants du territoire et présentera également plusieurs installations.
Le Métier à Copier #7, 2024 (installation in-situ, dimensions variables) machine à écrire, table lumineuse, duplicteur à alcool, imprimante Brother MFC J 6930D, CIBI, CRT SS 6900 n, antenne Cibi, Caméra mini-dv panasonic nv_da1, papier listing, bois, table, tablette, chaise, tabouret etc…
Le Métier à Copier (2019 – 2024)
Machine-outil multifonctions, permettant, la copie, l’archivage, l’édition et la diffusion des chroniques du réel.
(…) Afin d’éditer le journal des Chroniques du Réel, Charlie Chine a conçu un dispositif mécanique multifonctions, le métier-à-re-copier. Il déploie tout un arsenal de technologies d’aujourd’hui et d’appareils d’autrefois qui s’enchevêtrent et s’accouplent pour permettre tour à tour la copie, l’archivage, l’édition et la diffusion des chroniques.
Sa forme ne relève nullement d’une quelconque esthétique mais découle uniquement de l’utile et du fonctionnel. Ergonomique, la machine est au service du corps et chaque outil qui y est rattaché a été mis au point pour éviter toute pénibilité qui pourrait être causée par la répétition des gestes. Chaque intention, chaque mouvement se doit donc d’être calibré. Une autonomisation de travail qui se rapproche des préceptes rigides du Taylorisme et du Fordisme encore en vigueur à notre époque et dans laquelle l’homme devient un rouage de la machine [capitaliste]. Cette chorégraphie corporelle répétitive cadencée par le rythme effréné des outils se présente ici comme le fruit d’une praxis de l’action adaptée au temps de production du journal des Chroniques du Réel.
(…)
Extrait du texte « La maison de papier » d’Éléonore Gros (commissaire indépendante)
Le salon de lecture, Les Chroniques du Réel.
Éditions sous la forme de journaux des chroniques du réel produites via le Métier à Copier (porte-journaux, journaux (impression jet d’encre sur papier Olin 80g), bois, cuivre, ficelle, leds, matériaux divers, dimensions variables) 2024
/Memoria (2014-2024)
Cartes biographiques, livrets /MEMORIA, kakemono, valise du colporteur… Valise en bois et cuir, velours rouge, quincailleries diverses, documents de mise en service, livrets /Mémoria (X4), fer à embosser, dés à 10 faces, documentation diverse (2019)(2014_2024)
A propos de l’œuvre /Memoria (2012…2024) Livrets /Memoria, cartes biographiques, valise du colporteur… (techniques mixtes, dimensions variables)
« Si la société Total Recall implantait de nouveaux souvenirs, /MEMORIA serait celle qui les récolterait. »
Sur simple demande, le livret /MEMORIA détaillant le protocole, vous est adressé par voie postale. Il ne vous reste plus qu’à le remplir et le renvoyer à /MEMORIA une fois complété. Une carte biographique est alors éditée.
La carte /MEMORIA est la synthèse de tous vos souvenirs, analysés et schématisés en fonction des éléments relevés dans le livret.
Chaque carte biographique est unique dans la mesure où elle dessine le chemin parcouru par un individu en s’appuyant sur les directions qu’il aura prise, en fonction d’événements marquant survenus au cours de son existence.
Menée dans le respect des codes et des règles d’une étude sociologique, /MEMORIA conçoit et archive l’ensemble des cartes biographiques dans une base de données en ligne. À chaque carte est associé un numéro d’identification /MEMORIA unique et totalement confidentiel.
L’atelier de fabrication de la brique (installation in-situ, briques en papier, seau, cordes, mousquetons, dessins au carbone, cadres, fils à plomb, vidéo « l’atelier de fabrication de la brique » 2019 – 2024)
Espace de travail destiné à la fabrication artisanale de la brique en papier.
Déchets inexorablement produits par l’atelier de l’artiste : le papier brouillon, le bandeau de test, le doublon, l’impression de textes et de notes, le four… sont inhérents à toute production.
Afin de s’opposer à cet inexorable phénomène, le déchet est ici transformé en briques permettant de construire à nouveau.
L’atelier de la fabrication de la brique interroge la production de la matière qui va servir à la construction de l’œuvre.
C.R.I. (Centre de Recherche et d’information)
Salle d’attente, bureau de la secrétaire, bilan de compétences, diagrammes circulaires, portraits d’artistes sans têtes…
Installation, archives, collages, performance (2017/2024) Vues de l’exposition : La secrétaire est partie déjeuner… CAC Pontmain (53)
Utilisant les codes de l’étude sociologique, le C.R.I. est un bureau itinérant qui part en quête de réponses questionnant de manière non-hirearchique les artistes sur leur rapport au travail.
Un questionnaire se jouant des normes, propulse l’artiste dans les «mondes du travail». Il est librement inspiré de bilans de compétences proposés par certaines entreprises pour réévaluer leurs employés, par l’ANPE lors de reconversions professionnelles ou encore disponibles librement sur internet pour «trouver sa voie». Il a été ici modifié et adapté au monde de l’art.
Qu’est-ce que l’engagement ? Qu’est-ce qu’un bon artiste ou un encore un artiste médiocre ? Avez-vous la sensation de travailler ? Avez-vous la sensation de contribuer à l’histoire de l’art ? N’avez-vous jamais la sensation d’être inutile ? Qu’avez-vous réalisé jusqu’à maintenant ? Qu’est-ce qui distingue votre pratique
de celle des loisirs créatifs ? Etc…
L’archive devient ici le moyen de sauvegarde d’une pensée actuelle par les artistes eux-mêmes sur leurs pratiques et sur leur façon de se percevoir au travers du monde dans lequel ils évoluent.
Éléonore Gros
L’aventurier – 2016_2024
Série de performances produite soit en 35h (durée moyenne du temps de travail en France) soit en 7 jours (durée moyenne des congés payés en France) archivée sous la forme de cartes-mémoire. La carte est composée d’un tracé du territoire, d’une série d’images-souvenirs et du compte-rendus de l’aventure.
Le passager de la ligne 9 ou une semaine de 35h dans la ligne 9 du métro parisien (2016-2018) Action-discrète. Carte-mémoire (Impression jet d’encre pigmentaire sur papier EPSON mat supérieur 190g) 130 x 240 cm
IN THE LIMBO – récit d’une journée décisive. La journée du 21 décembre 2017 racontée par les artistes présent lors de la résidence. Carte-mémoire (Impression jet d’encre pigmentaire sur papier EPSON mat supérieur 190g) 90 x 120 cm
Résidence Du jeudi 21 au jeudi 28 décembre 2017 –
Wok’o’Noodle/La Maison Rose 1, rue Traversière 75012 Paris
Avec :
Tony Ceppi, Robin Touchard, Pauline Conforti, Manon Dard, Marie Gaudou, Emilie Schalck, Al Gruk, Evgeniy Chernyshov & Tanya Hawrylyuk, Charlie Chine et Andreea Macea
In The Limbo est l’exposition d’une semaine de travail au sein d’un espace en transition.
Au matin du premier jour, nous quittons en claquant la porte un immeuble plein de promesses de 7 étages rue Beaubourg à Paris. La résidence venait de commencer, mais rien ne se passa comme prévu.
L’équipe d’artistes se retrouve alors à la rue. Sans se démonter, nous passons la journée à la recherche d’alternatives. Finalement, en début de soirée, nous recevons une proposition. L’équipe d’artistes accepte de devenir les gardiens d’un lieu abandonné. Le Wok’n’noodle sera mis à notre disposition pour une semaine, le temps des procédures administratives. Ce restaurant de nouilles deviendra par la suite La Maison Rose, un lieu d’accueil pour mineurs isolés.
Cette transition est la combinaison de plusieurs réalités, une station suspendue entre l’horizon et les limbes, l’espace vide dans lequel s’implante le programme spatial, l’habitat temporaire. Elle mixe les références dantesques aux réalités matérielles, légales et conceptuelles. Elle met en contact plusieurs récits, plusieurs pratiques, oppose, envahit, essaie, chute, elle est la métamorphose entre une condition et une autre.
Charlie Chine
Constance ou une semaine de 35h entre l’eau douce et le moulin (2021) Action-discrète. Carte-mémoire (Impression jet d’encre pigmentaire sur papier awagami 70g) 90 x 120 cm
Mulhouseland Drive ou une semaine sur la route (nationale) 66 (2018)
Performance / Action discrète (Film diffusé en boucle – 14 minutes 40 secondes) – Compte rendu
Une aventure en compagnie de Charlotte Batifol (production) et d’Antonin Boischot (images)